vendredi 21 janvier 2011

Suzanne et les Vieillards

La chaste Suzanne, Jacob Joardens, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

"La scène se passe à Babylone, pendant l’exil du peuple hébreu ; Suzanne, belle et pure, femme du riche Joakim, se baigne seule dans son jardin. Deux vieux juges, amis du mari, sont secrètement restés là, et l’observent avec concupiscence. Ils lui font des propositions malhonnêtes et prétendent l’accuser d’adultère avec un jeune homme si elle ne cède pas à leurs avances. Évidemment elle ne cède pas, ils l’accusent, mais, in extremis, sont finalement démasqués par le jeune prophète Daniel, et exécutés.

Ce récit apocryphe du livre de Daniel, auquel on a prêté de nombreuses significations paraboliques (la pureté d’Israël, ou de l’église, face aux idolâtres et aux païens, qui sont finalement confondus par le messie), est, comme tous les mythes, un attracteur étrange qui agglutine une constellation de sens, reliés à l’inconscient et à l’imaginaire humain (ici plutôt l’imaginaire masculin). En témoigne la fascination que cette histoire a exercée sur des générations de peintres, qui se sont en général plus à représenter la nudité de la belle Suzanne, et les vieillards la reluquant, ou la poursuivant de leurs assiduités.


La métaphore religieuse cache une signification beaucoup plus humaine et simple : les hommes d’âge mûr ne voient pas le temps passer, et, bien que décrépis, sont toujours autant attirés par les belles jeunes femmes. Mais les mœurs ont heureusement changés depuis les temps bibliques, où l’on dénonçait volontiers les juges libidineux, mais où l’on ne s’inquiétait aucunement de l’âge et de la toute puissance du mari légitime sur sa femme.
Aujourd’hui les filles libérées ne craignent plus les vieux cochons, et d’ailleurs ceux-ci, lorsqu’ils sont éconduits, prennent la vie avec philosophie : faute de pouvoir s’autoriser à caresser les appétissantes courbes féminines qu’ils entrevoient sous la robe retroussée, ils exhibent, par dérision, leur nudité flapie, et s’amusent de leur désir en faisant des blagues de potaches."

En Italie, la peinture devient réalité... Suzanne pourrait s'appeler Ruby et le "Vieil Art"... Tout le monde en parle.

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