vendredi 25 septembre 2009

SUICIDE A LA PJJ ? (protection judiciaire de la jeunesse)

Difficile de savoir s'il s'agit de la forme ou du fond voire des deux !
Les conséquences des réformes de la protection Judiciaire de l'enfance et de la Jeunesse aurait-elles incité la directrice PJJ à se jeter par une fenêtre ?
Lire ci-dessous l'article (Le Monde édition du 19 mars 2009)

L'"Etat de stress" des personnels de la Protection judiciaire de la jeunesse


Dans la matinée de ce mardi 15 septembre, Catherine Kokoszka, directrice départementale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), se rend à une réunion où elle doit annoncer une réorganisation de ses services. Avant d'atteindre la salle, elle se jette par une fenêtre et fait une chute d'une dizaine de mètres, amortie par un buisson. Ses jours ne sont pas en danger.

A une amie et collègue, qui l'a vue à l'hôpital, jeudi, elle a affirmé que les raisons de son geste étaient dues à un "état de stress". Elle lui a parlé de "maltraitance institutionnelle". "Elle se plaint de devoir appliquer tout très vite, de faire et de défaire en permanence, comme un petit soldat, comme un élève face à un maître d'école. Elle était au bout du rouleau, explique cette amie qui veut conserver l'anonymat. Elle avait un vrai conflit de loyauté. C'est une ancienne éducatrice et elle se demandait comment les éducateurs feraient pour s'occuper des mineurs, avec toutes leurs tâches."

Catherine Kokoszka, qui n'est pas décrite comme une personne fragile, est devenue éducatrice en 1980. Elle a gravi les échelons de la PJJ pour devenir directrice en Corrèze et dans la Creuse, puis à Paris depuis mai 2006.

Son geste a suscité une vive émotion chez les cadres et les éducateurs, dans la région parisienne, mais aussi au niveau national. Le directeur de la PJJ, Philippe-Pierre Cabourdin, s'est rendu sur place, rue Cristiani, dans le 18e arrondissement. Des équipes de psychologues ont été mises en place. La PJJ ne veut pas s'exprimer sur les circonstances du drame : "Tant que nous n'avons pas entendu la version de Mme Kokoszka, nous ne parlons pas de tentative de suicide mais d'accident", indique un porte-parole de la PJJ.

La Protection judiciaire pour la jeunesse a engagé une vaste restructuration dans un contexte de durcissement de la législation pour les mineurs, depuis 2007. Les éducateurs doivent concentrer leur travail sur les mineurs délinquants et ne plus s'occuper des mineurs victimes, qui relèvent de l'aide sociale dans les départements. La PJJ souffre d'un déficit d'hébergements en région parisienne. A cette orientation pénale s'est ajoutée une réorganisation administrative, avec la création fin 2008 de directions interrégionales sur le modèle de l'administration pénitentiaire.

"Il y a une grande souffrance chez les cadres, explique Régis Lemierre, responsable du syndicat Unsa-PJJ en Ile-de-France. Ils sont chargés de mettre en oeuvre des réformes à marche forcée." Le Syndicat national des personnels de l'éducation surveillée (SNPES-FSU) dénonce "l'approche strictement comptable" et fait un parallèle avec Renault et France Télécom où plusieurs salariés se sont suicidés sur leur lieu de travail.

"Tout allait trop vite"

La ministre de la justice et des libertés, Michèle Alliot-Marie, a envoyé un message à Mme Kokoszka. Le porte-parole de la chancellerie, Guillaume Didier, a indiqué que la ministre va recevoir l'ensemble des directeurs interrégionaux et départementaux de la PJJ et qu'elle met en place une "charte du dialogue social pour l'ensemble du ministère". "La PJJ est dans une phase de modernisation, avec des restructurations qui prévoient des solutions individuelles pour les personnes redéployées", explique Guillaume Didier, qui précise que, "depuis cinq ans, un éducateur a en charge 25 mineurs en moyenne".

Le 1er octobre, Catherine Kokoszka devrait être décorée de l'ordre du Mérite. "Elle me disait qu'elle ne méritait pas cette médaille, explique l'amie qui lui a rendu visite jeudi, que ça allait trop vite et qu'elle n'y arrivait pas..."

Alain SALLES

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